Conception et construction parasismique d’un centre communautaire pour le village népalais de Chhulemu.

25 avril 2015. Dévastation

En avril 2015, le Népal subit 2 séismes. Le premier, d’une magnitude de 7,9, est l’un des plus forts enregistrés dans le monde. La situation de ce pays déjà pauvre et situé sur l’arc himalayen, au point de rencontre de la plaque asiatique et du sous-continent indien, le rend particulièrement vulnérable à ce type de catastrophe. Kathmandou est dévasté, les répliques sont meurtrières, la situation est chaotique, de nombreux villages sont oubliés, d’autres sont purement rayés de la carte. La priorité pour les népalais devient la reconstruction de leur maison avant l’hiver. Or, les régions rurales comme celle du Solukhumbu, située à 125 km à l’est de la capitale, ne comptent pas parmi les urgences du gouvernement fédéral.

Premières missions d’évaluation

En mai, une rencontre décisive a lieu entre ASFQ, l’entreprise québécoise Les Karavaniers, qui connaît bien la région du Solukhumbu, et la Fondation Babu Chiri Sherpa, qu’elle appuie. Une levée de fonds et la préparation d’un projet sont immédiatement entrepris pour participer à la reconstruction et favoriser le renforcement des savoir-faire locaux. Deux missions entre juin et novembre servent à évaluer la situation de 10 villages de la région. Les dommages sont importants : murs effondrés, humidité, moisissure, absence de liant structurel causant la fragilisation des édifices. ASFQ et les Karavaniers s’entendent alors sur le choix du village de Chhulemu, le plus affecté par les destructions et le moins couvert par l’aide de part son éloignement.

Des communautés locales résiliantes

Les consultations publiques réalisées dans chaque village révèlent divers groupes de personnes tenant un rôle spécifique dans les choix de développement et ayant la responsabilité de concevoir des solutions bénéfiques à l’ensemble de la population. Ceux-ci souhaitent édifier des bâtiments où la population pourra se rassembler en sécurité et pratiquer des activités auparavant tenues au rez-de-chaussé de leurs maisons,  jugées désormais trop dangereuses pour être reconstruites sur deux étages. D’origine sherpa, la communauté de Chhulemu fait preuve d’une implication particulièrement active par sa recherche de fonds, l’acquisition d’un terrain et la préparation du site durant plusieurs mois. Elle exprime aussi son besoin d’un lieu pouvant accueillir plusieurs fonctions : cérémonies bouddhistes, rencontres sociales, hébergement de visiteurs, et espace transitoire pour l’école du village.

De la conception au transfert de connaissances

Cette demande d’un centre communautaire a orienté la conception vers un bâtiment à un étage, plus abordable et moins vulnérable aux séismes. L’étude préalable a aidé à comprendre les dynamiques d’intervention en zone isolée, analyser les besoins auxquels l’architecture peut répondre et effectuer des relevés techniques. Trois professionnels québécois se sont rendus sur place durant les 6 mois de la construction, à titre de coopérants volontaires, pour superviser les travaux et prodiguer des conseils. Sur le chantier-école de Chhulemu, les techniques locales de construction ont été optimisées par un chaînage de bois et l’utilisation de béton armé. Rémunérés durant le chantier, les villageois sont ainsi exposés à un savoir-faire en construction durable, utile pour leurs propres habitations.Tous les matériaux de construction utilisés sont achetés ou produits sur place.

Un centre sécuritaire à prendre comme référence

Le nouveau centre communautaire parasismique de Chhulemu, perché à quelque 2500 mètres d’altitude, a été complété en décembre 2016. Fruit d’une collaboration exemplaire avec Les Karavaniers et les habitants, sa construction , en plus d’offrir un espace multifonctionnel et culturellement approprié, a permis d’initier ses habitants à de nouveaux principes de construction. Il sera l’abri le plus sécuritaire en cas de nouvelle catastrophe. L’ensemble de la démarche de coopération volontaire a aussi été l’opportunité, au passage, de rénover deux écoles de la région.

Avancement du projet

Complété à 100%

Le centre communautaire est maintenant utilisé par les villageois. Une deuxième intervention est prévue en 2020.

Chargée de projet

Maude Ledoux

Professionnelle de l’architecture

«Le contact que j’ai eu avec les populations touchées a grandement influencé mon approche. L’inclusion des bénéficiaires, de l’esquisse à la réalisation, est une donnée primordiale à l’appropriation du projet. Mon travail lors de cette mission a été de faciliter la mise en place des idées communes en acceptant que le projet puisse évoluer selon un schéma différent de celui prévu initialement. Travailler si près des gens et dans de tel contexte demande de notre part beaucoup d’écoute et d’humilité.»

 

Témoignages

« J’ai décidé de me joindre à la mission d’ASFQ parce que je suis à la retraite, j’aime le Népal, et je voulais être utile !
Ce que j’en retiens, c ‘est un grand sentiment de satisfaction d’avoir transmis des connaissances, de voir le sentiment de fierté de la communauté, et de voir notre beau toit rouge au milieu des montagnes himalayennes. »

Bernard Mailhot, Ingénieur et coopérant volontaire

«Nous sommes vraiment très contents de cette collaboration avec ASFQ, des fonds que nous avons pu collecter ensemble, de l’impact au Népal, avec tout ça on a même pu rénové deux écoles de la région.»

Christine Plaisant, Spécialiste voyage et guide Karavaniers

300

villageois
disposant d’un centre
communautaire

2000

heures de travail
de nos bénévoles
et de nos architectes

60 000

$ de coût total,
20 000 $ de valeur
offerte par ASFQ

600

m2
de surface
intérieure

Partenaires du projet