Une architecture pour soutenir les projets, renforcer les capacités et atténuer la crise du logement chez les Premières Nations et les Inuit.
Le défi à relever
Le poids du passé colonial
La colonisation pèse lourd sur les premiers peuples des territoires que nous appelons aujourd’hui le Canada et le Québec. Les entreprises de génocide, d’oppression, de dépossession et de discrimination systémique, auxquelles ils ont survécu et continue de faire face avec résilience, laissent des traces qui appellent la réparation. La sédentarisation forcée et le modèle de développement urbain nord-américain, en plus d’avoir affecté leurs capacités à habiter le territoire et à aménager l’espace en toute autonomie, ont imposé aux communautés des formes architecturales souvent inadaptées à leurs cultures. La crise actuelle du logement en est un exemple éloquent et l’épicentre de nombreux problèmes vécus par les Premières Nations et les Inuit. Alors que la responsabilité des gouvernements a été mise en lumière et reconnue en s’engageant vers la réconciliation, les communautés autochtones regardent vers l’avenir et cherchent des solutions à leur image.
L’architecture de la réconciliation
Pour améliorer les conditions de vie des populations autochtones et renforcer leurs capacités, l’architecture doit être pratiquée avec sensibilité, respect et humilité, en visant d’abord l’autonomie des communautés. En donnant la parole à leurs membres et en les reconnaissant comme les experts de leurs réalités, l’architecte peut servir leurs intérêts et les défendre si nécessaire. Les consulter ne suffit pas. Il faut les laisser être les acteurs du processus de design. Une telle approche participative permet des projets d’une grande pertinence sociale, qui contribueront à l’émergence des architectes et des architectures autochtones de demain. C’est par une telle alliance que les professionnels peuvent appuyer la longue marche des Autochtones vers la réconciliation, la réparation et l’émancipation. L’architecture a elle aussi beaucoup à apprendre d’un tel cheminement, afin de décoloniser davantage sa pratique. Voilà la vision qu’ASFQ promeut auprès de ses membres et l’esprit dans lequel son équipe cherche à collaborer avec les communautés.
Axes d’intervention du programme
Aide aux projets des communautés
ASFQ appuie des projets de bâtiments et d’aménagements capables de renforcer les conditions de vie et les compétences des communautés. Si de nombreux projets sont déjà pris en charge par les instances autochtones, les gouvernements et les firmes privées, les besoins demeurent énormes. Plusieurs aspirations ne trouvent pas de réponse du côté des programmes et des services conventionnels.
ASFQ travaille pour cette raison en complémentarité avec les autres parties prenantes pour répondre à des demandes laissées dans les interstices. Ses services sont accessibles aux 12 Premières Nations du Québec et des 14 villages inuits du Nunavik. Les porteurs de projets locaux peuvent soumettre un projet en tout temps ou contacter notre équipe directement.
Les services d’ASFQ s’adressent à de petits projets de solidarité capables d’avoir un impact significatif sur la santé, l’éducation, la vitalité communautaire et l’habitation. Une des premières actions d’ASFQ fut d’ailleurs la réhabilitation des maisons du village de Kitcisakik, qui amena plus tard l’organisme à réviser la formation des gestionnaires de l’habitation autochtone du Cégep Garneau.
Alors qu’on assiste à une explosion démographique sans précédent, que 10 000 maisons manquent déjà à l’échelle du Québec et que les financements sont insuffisants, la crise du logement autochtone demeure une priorité pour ASFQ. Notre équipe a la conviction qu’une architecture participative est plus que jamais nécessaire pour trouver des solutions nouvelles et culturellement adaptées.
Les Autochtones et la ville
L’habitat urbain autochtone est aussi une priorité pour ASFQ, dont les bureaux sont d’ailleurs situés au cœur de l’île de Tiohtiá:ke, aujourd’hui connue sous le nom de Montréal. Lieu de rencontre millénaire des premiers peuples et territoire ancestral non-cédé de la nation mohawk Kanien’kehá:ka, la métropole accueille désormais des membres de toutes les nations, qui côtoient des citadins allochtones et étrangers de toutes origines. Si un tel contexte pose certains défis, il représente surtout une opportunité pour promouvoir la réconciliation et le développement culturel autochtone.
ASFQ collabore avec les partenaires et les projets qui cherchent à favoriser, par le design et l’architecture, les conditions de vie et les cultures autochtones en milieu urbain. Ceci inclut des projets qui pourront se réaliser dans le cadre de son nouveau programme de Solidarité urbaine et de collaborations avec des initiatives, des événements ou des projets spéciaux.
Une distinction nationale
En 2012, l’Institut royal d’architecture du Canada (IRAC) a décerné la médaille du Gouverneur général en architecture au projet de réhabilitation des habitations du village de Kitcisakik développé par ASFQ. Le jury de l’IRAC a salué l’audace d’une approche méritant d’être répliquée dans d’autres projets :
« Cette initiative originale et novatrice, qui vise à améliorer les conditions de vie dans les communautés des Premières nations, ne peut pas être qualifiée de projet d’architecture conventionnel, mais elle mérite néanmoins d’être reconnue pour sa valeur et son importance. En son essence même, et avec une grande puissance, elle intègre l’aspect le plus fondamental de l’architecture : transformer et améliorer la vie humaine. Les participants au projet ont su répondre à des besoins réels et urgents et ils ont appliqué leurs compétences techniques avec énergie et enthousiasme. Il est à souhaiter que les initiatives semblables se multiplient. »
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