Au lendemain de la catastrophe industrielle ayant dévasté Beyrouth, Architecture sans frontières Québec (ASFQ) et son président, Christian Samman, témoignent leur solidarité et insistent sur le rôle que l’architecture devra jouer pour reconstruire la capitale.

Mardi 4 août, 18H,
l’explosion qui a dévasté Beyrouth a choqué le monde entier. Le Liban compte aujourd’hui près de 170 morts, plus de 6 000 blessés et de nombreux disparus. La déflagration filmée sous tous les angles et diffusée par tous les médias nous projette au cœur du désarroi d’un pays déjà rendu exsangue par une crise économique sans précédent et la situation sanitaire incontrôlable due à la pandémie de la COVID-19. Malgré la distance géographique, cette catastrophe touche notre humanité. Tous les employés et les membres du conseil d’administration d’ASFQ s’unissent pour témoigner leur solidarité et leur empathie au peuple libanais et à sa diaspora qui regroupe près de 150 000 personnes au Québec, toutes affectées par la situation.

La nécessité d’agir
Pour Christian Samman, architecte, président d’ASFQ et originaire du Liban, la situation est critique. Pour lui qui a vécu la moitié de sa vie à Beyrouth et qui a travaillé pour la Croix Rouge Libanaise en temps de crise, la situation du pays a atteint un seuil sans précédent : Je ressens une profonde désolation devant cette catastrophe qui s’ajoute à la longue liste des difficultés économiques que le pays et sa population vivent depuis plusieurs mois. Pays qui était déjà au bord de la crise humanitaire et de la faillite totale, il aura besoin d’aide durant les prochains mois, plus que jamais. De denrées alimentaires et de médicaments, certes, mais aussi de certains produits de construction et le soutien d’organisations comme Architecture sans frontières Québec”. Les dommages causés au cadre bâti de Beyrouth sont majeurs et rendent inopérants les secteurs d’activités les plus essentiels du pays, comme l’ont confirmé les partenaires de l’ONU réunis par la France le 8 août dernier.


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Du côté de la santé, les stocks de médicaments du port et les principales infrastructures hospitalières sont détruites. Du côté alimentaire, les silos à grains, visibles sur toutes les images relayées par les médias, sont anéantis et représentaient normalement près de 70% des stocks de blé du pays, dans un contexte où le pain est souvent la seule nourriture des familles les plus frappées par la crise économique. Du côté de l’éducation, la destruction des écoles et la désorganisation qui en résulte compromettent l’avenir de nombreux enfants. Du côté du logement, Beyrouth compte à présent plus de 300 000 sans-abri, qui dépendent désormais de la solidarité de leurs proches, de leurs compatriotes et de l’aide étrangère. Sans parler bien sûr des centaines de bâtiments patrimoniaux lourdement endommagés, qui risquent de disparaître.

De l’avis de Christian Samman, nous savons d’ores et déjà que les manufacturiers libanais ne pourront pas fournir les matériaux nécessaires à la reconstruction : “Les cloisons internes, les portes, les fenêtres et les revêtements de nombreux bâtiments sont détruits. Les vitres nécessaires représentent plus de 10 ans de la production actuelle. Tout devra être importé. L’étanchéité des bâtiments risque ainsi d’être mise à mal, causant une dégradation accélérée des immeubles dans les années futures, sans compter les conséquences sur la plomberie et le réseau électrique déjà vétuste.” Les besoins sont en outre colossaux et nous ne voyons pour le moment que la partie visible des conséquences probables. En apparence épargnés, plusieurs bâtiments soumis à la zone de déflagration ont en fait vu leur structure portante affaiblie et devront être évalués avec diligence.

Le rôle d’ASFQ
Si une aide internationale de près de 400 millions de dollars a déjà été confirmée, une diversité de partenaires de confiance sera nécessaire pour reconstruire la capitale du pays en agissant avec méthode et pragmatisme. L’équipe d’ASFQ est déterminée à apporter sa contribution la plus pertinente possible. Notre équipe étudie actuellement les possibilités d’interventions avec d’autres membres du réseau Architecture sans frontières international et cherche à établir des liens avec des organisations fiables présentes sur le terrain. Christian Samman se fait à cet égard optimiste : “Le Liban compte un écosystème architectural d’une grande qualité avec lequel il est possible de travailler et d’établir des liens solides. Notre rôle ne sera pas de nous substituer à l’expertise déjà présente et sous-employée compte tenu des circonstances, mais de soutenir et faciliter des initiatives utiles pour l’avenir de Beyrouth et de sa population.”

ASFQ a d’ailleurs manifesté son intérêt à l’Ordre des ingénieurs et des architectes du Liban. L’Ordre représente une instance de confiance sur laquelle Beyrouth pourra compter. Sous l’impulsion de son président sortant Jad Tabet, architecte politiquement indépendant, l’Ordre a notamment annoncé le 12 août une enquête de terrain pour évaluer la sécurité des bâtiments touchés par l’explosion. La forme exacte que prendra le soutien d’ASFQ se définira durant les prochaines semaines. Nos efforts pourraient se concentrer sur de petits projets à échelle humaine, sur l’aide à l’approvisionnement en matériaux ou encore l’envoi d’experts volontaires sur le terrain. Chose certaine, comme dans tous nos projets, la priorité sera donnée à des interventions favorisant la santé, l’éducation, le logement et d’autres besoins des citadins les plus vulnérables.

Un appel à la solidarité et à la générosité
Pour venir en aide au peuple libanais duquel le Québec est si près, ASFQ lance une campagne de dons. Tous nos membres et sympathisants sensibles à la tragédie de Beyrouth sont invités à donner généreusement. Premier à avoir donné pour soutenir son propre pays, Christian Samman invite tous les autres professionnels sensibles à la tragédie de Beyrouth et les membres de la diaspora libanaise à répondre à l’appel : Faites un don vous aussi. Posez un geste pour les femmes, les hommes et les enfants du Liban. Aidons à reconstruire, à redonner vie à Beyrouth. Je vous en remercie du fond du coeur.

Tous les fonds récoltés iront directement en soutien à la reconstruction de la capitale.

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