Conception d’espaces de jeu pour les enfants d’un camp de réfugiés

L’enfance dans les camps

Depuis mars 2011, la Syrie est frappée par un conflit qui a déjà causé plus de 220 000 morts, 7,6 millions de déplacés dont 4 millions de personnes qui ont fui à l’étranger. La population de réfugiés est composée aux trois-quarts de femmes et d’enfants. Selon l’ONU, plus de la moitié des réfugiés syriens sont âgés de moins de 19 ans et 37 000 bébés sont nés dans des camps. Les enfants plus âgés sont forcés de grandir trop vite, de trouver du travail et de prendre soin de leur famille dans des circonstances désespérées. La durée moyenne passée dans un camp de réfugiés étant de 17 ans, beaucoup deviendront adultes sans connaître d’autre réalité, privés d’enfance.

L’importance du jeu

Le jeu est un phénomène universel et un droit des enfants. Il est nécessaire à leur développement harmonieux. Ceux que la guerre a jetés dans les camps en ont doublement besoin pour évacuer leurs traumas et développer des habiletés à la base de leur apprentissage et de leur socialisation. Marya Zarif, originaire d’Alep, montréalaise d’adoption et créatrice de jeux pour enfants au Québec, a co-fondé l’organisme Je Veux Jouer, afin de « changer les camps de réfugiés » de son pays natal. Ce projet est pour elle un cri du cœur des Syriens.

De nombreux bénévoles mobilisés

ASFQ s’est joint comme partenaire de conception sans hésitation, dans une démarche novatrice et inclusive. Une équipe de création conjointe composée de représentants de Je Veux Jouer et d’ASFQ, ainsi que de nombreux bénévoles et experts en psychologie de l’enfance, en ergothérapie, en jeux et en design de l’environnement, s’est réunie pour définir, en collaboration avec l’association locale SARD, un programme fonctionnel et technique contenant toutes les informations nécessaires pour commencer la conception d’un espace de jeu pour le camp d’Ariha, à proximité d’Alep et de la frontière turque.

Un concours inclusif

L’idée est alors venue de lancer une charrette d’architecture. Ce marathon créatif, réunissant 40 participants, s’est tenu au Centre de Design de l’UQAM les 26 et 27 mai 2016. Il a permis à six équipes d’imaginer un espace de jeu, selon les conditions et les contraintes, préalablement définies par l’équipe syrienne partenaire du projet. Le meilleur de chaque idée a été retenu par un jury d’experts et des professionnels ont élaboré les plans finaux. Le projet a ensuite été réalisé à Ariha, main dans la main avec les familles, les expertises locales et les divers talents québécois ayant offert de leur temps.

Remerciements au jury : François-Xavier Michaux, Florence Roche, Mouna Andraos, Melissa Mongiat, Philippe Lupien, Renée Houlde, Maëko Michaux-Duguay
Des sourires à nouveau

Grâce à cette initiative montréalaise et à une cinquantaine de bénévoles, les 146 enfants du camp de réfugiés d’Ariha peuvent désormais s’épanouir, jouer et bénéficier d’un meilleur développement psycho‐ moteur grâce à l’installation d’un terrain de jeu tout neuf ! Un geste d’aménagement, qui redonne un sens à la vie en contexte de crise, est un précédent audacieux qui mérite d’être approfondi et reproduit. Marya Zarif précise d’ailleurs que si le projet est un succès, « le but sera de faire des p’tits et de construire des espaces de jeu dans les autres camps par la suite et, qui sait, pourquoi pas dans des camps de réfugiés ailleurs qu’en Syrie » ?

Avancement du projet

Complété à 100%

Chargé de projet bénévole

Luc Gauvin

Architecte et vice-président d’ASFQ

Témoignages

« En faisant le pari du « jeu contre la guerre » nous décidons de considérer les jeunes syriens réfugiés avant tout comme des enfants. Malgré leurs conditions de vie dramatiques, notre but est de leur offrir des parcelles d’enfance qui leur permettront de jouer, de rêver, de s’épanouir malgré tout, dans la dignité. » 

Fondation Je veux jouer

« Parmi les millions de Syriens coincés dans des camps de réfugiés, il y a des milliers d’enfants. Ils n’ont pas d’environnement sécurisant, pas de lieux positifs, a-t-elle expliqué. Avec cet espace de jeu, on veut rendre leur vie plus douce. »

Marya Zarif, Cofondatrice de l’organisme Je veux jouer

146

enfants
bénéficient
du terrain de jeu

1000

heures de travail
d’architectes et de bénévoles
50 bénévoles impliqués

40 000

$
de dons

100

m2
d’espace dédié
aux jeux d’enfants

Partenaires du projet