Le travail d’ASFQ sur l’architecture résiliente aux inondations – débuté en mars 2020 – se poursuivra jusqu’en 2022 dans le cadre du projet “Architecture résiliente aux inondations : développement d’expertise et transfert de connaissances”. Élaboré en partenariat avec Isabelle Thomas, professeure titulaire à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal et Pascale Biron, professeure à l’Université Concordia, ce projet a pour objectifs de générer un savoir nouveau sur les mesures d’adaptation du cadre bâti aux inondations et de le diffuser auprès des propriétaires, concepteurs, constructeurs, décideurs et gestionnaires de bâtiments. Premier en son genre, ce projet marquera l’entrée officielle de l’architecture dans la réflexion québécoise entourant la problématique des inondations !
Sélectionné par le Réseau Inondations InterSectoriel du Québec (RIISQ) et financé par une subvention de 92 000$ du Fonds de recherche du Québec, le projet est appuyé par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), la Société québécoise des infrastructure SQI), la Société d’habitation du Québec (SHQ) et l’Ordre des architectes du Québec (OAQ). Par ailleurs, tel que mentionné par Laurie Cantin Towner de la SHQ, nos organisations respectives partagent des objectifs communs quant au développement des connaissances portant sur la résilience du bâti face aux inondations au Québec. En effet, la SHQ étant responsable de la mission Habitation dans le cadre du Plan d’action national de sécurité civile, elle s’intéresse à l’adaptation des bâtiments face aux inondations dans un contexte de changements climatiques. “La Société d’habitation du Québec a le plaisir de collaborer à ce projet appuyé par le Réseau Inondations InterSectoriel du Québec.” – Laurie Cantin-Towner – Conseillère en environnement bâti, Société d’habitation du Québec (SHQ)
Ce projet est significatif et complémentaire d’autres études de recherche action menées par Isabelle Thomas et son équipe de recherche ARIACTION (ARIACTION.com) de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal (UdeM). Leurs travaux se situent au carrefour de la recherche fondamentale et de la recherche action. Leurs réalisations s’arriment à la recherche centrée sur l’urbanisme durable, sur la planification environnementale viable ainsi que sur les enjeux de vulnérabilité et d’adaptation aux changements climatiques pour construire des communautés résilientes face aux risques naturels et anthropiques. Au cours des dernières années, il est devenu évident que les inondations constituent un enjeu majeur au Québec dans le contexte des changements climatiques. Plusieurs analyses ont été menées par l’équipe d’ARIACTION tant pour comprendre la vulnérabilité des territoires par des diagnostics rigoureux que les besoins en termes de communications, culture du risque. Chemin faisant, il est apparu fondamental de réfléchir à la construction résiliente, du bâtiment au quartier. Selon Isabelle Thomas, “Ce projet se veut intégrateur et va permettre de répondre à un besoin crucial d’information sur les manières d’habiter en zone inondable constructible au Québec. Jusqu’à présent, de nombreux efforts se sont concentrés sur la connaissance du risque. Cependant au-delà des cartes et des diagnostics, il est fondamental de réfléchir aux savoir-faire et à la mise en œuvre de la résilience au niveau du bâtiment et des quartiers. L’objectif de ce partenariat est non seulement de faire avancer les connaissances en termes de construction résiliente en zone inondable à différentes échelles, mais aussi les processus de mise en œuvre en travaillant sur des projets pilotes.” La complémentarité des expertises de l’équipe ARIACTION – dirigée par Isabelle Thomas et d’ Architecture Sans Frontières Québec, établit un lien entre les échelles des modes d’habiter, du bâtiment, au quartier et à la collectivité.
Au Québec, la facture des crues printanières de 2011, 2017 et 2019 se chiffre en milliards de dollars pour l’État et les citoyens. Non seulement les coûts liés aux dégâts et aux indemnisations ont-ils été importants, mais la gestion de la crise et du rétablissement a aussi représenté un gouffre financier. Ces inondations ont mis en évidence la grande vulnérabilité des municipalités québécoises et, également, les vulnérabilités sociales et territoriales. Les vulnérabilités sociales comportent certaines caractéristiques comme l’âge, le revenu. Les jeunes familles vivant dans des quartiers exposés aux aléas peuvent, par exemple, être vulnérables si leur foyer est doté de chambres au sous-sol. Quant aux vulnérabilités territoriales, elles impliquent la présence de bâtiments, d’infrastructures essentielles, de routes en zone inondable. Or, si des méthodes d’analyse de la vulnérabilité et des outils de diagnostic comme la cartographie de l’aléa existent, aucune analyse et mesure d’adaptation des bâtiments n’est disponible. Le Québec ne s’est pas encore doté d’outils favorisant la prévention et le rétablissement à l’échelle du bâtiment. Le projet mené conjointement par l’équipe d’Isabelle Thomas et ASFQ propose de combler ce manque majeur au Québec. Il répond à un besoin latent. Il concerne aussi un marché à développer et un champ d’innovation professionnel inexploré au Québec. Selon le Bureau d’assurances du Canada (BAC), au moins 20 % de la population est exposée aux inondations. L’adaptation des bâtiments aux inondations ne concerne pas que les zones à risque d’inondation côtière ou fluviale (ou zones inondables en eaux libres) déjà bien identifiées (une carte interactive est disponible sur le site du Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Des secteurs peuvent être inondés suite à la défaillance d’un dispositif de protection (pensons à Saint-Marthe-sur-le-Lac), d’un système de drainage par pompage ou au blocage d’un égout de surface (inondations urbaines lors d’importantes précipitations). Ainsi, les travaux entrepris par ASFQ concernent beaucoup plus de monde qu’on pourrait, a priori, penser. Ils trouvent leur pertinence devant l’urgence d’adapter le cadre bâti – en général – aux inondations et aux crises diluviennes qui risquent de continuer de sévir dans les décennies à venir. C’est en mobilisant le point de vue de l’architecture – un secteur qui, jusqu’à présent, n’a pas pu apporter sa pleine contribution dans l’éventail des différentes mesures que requièrent une problématique aussi complexe – qu’ASFQ participe à l’augmentation de la capacité de résilience des bâtiments aux inondations
Au-delà, la résilience du cadre bâti aux inondations ne concerne pas seulement la protection du bâtiment lui-même. Les avantages potentiels de la conception résiliente aux inondations sont nombreux :
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- l’augmentation de la sécurité des personnes;
- l’augmentation du sentiment de sécurité des personnes;
- la préservation de la santé et du dynamisme communautaire suite à un sinistre;
- la préservation du tissu urbain
- la réduction potentielle de la prime d’assurance;
- la réduction de la facture de l’État;
- l’augmentation des avantages environnementaux, sociaux et économiques, conformément aux principes de développement durable.
Crédits photos
– Bloc sanitaire au Nouveau Brunswick – Flickr : Stephen MacGillivray Photography & Video – www.atwphoto.com
– inondation vue du ciel – Flickr ; S.C. Air National Guard