Article de Christine Lanthier publié dans Esquisses Printemps 2020
ASFQ a tenu, le 5 décembre, à Montréal, l’évènement Architecture et itinérance: une rencontre nécessaire pour une ville socialement résilience et inclusive.
« On l’oublie souvent, mais l’architecture et l’itinérance concernent des personnes et leur expérience », a souligné Claire Davenport, architecte bénévole pour ASFQ, lors d’une présentation qui visait à faire découvrir au public la démarche de recherche-action entreprise par l’organisme au sujet du sort des sans-abri.
L’architecte a également présenté le projet Résilience Montréal, un refuge de jour qu’elle a conçu en collaboration avec l’arrondissement de Ville-Marie ainsi qu’avec les organismes Native Women’s Shelter of Montreal et la Communauté Nazareth. L’espace a été inauguré en novembre dernier dans le local d’un ancien restaurant situé à proximité du square Cabot. Le projet a été lancé à la suite du déménagement, en décembre 2018, de l’organisme montréalais The Open Door, qui accueillait les sans-abri dans une église du quartier. Après ce départ, des organismes d’aide ont fait état du décès de 14 personnes démunies dans le secteur.
Devant l’urgence, Claire Davenport a conçu, « à un mois d’avis, sans budget et sans main-d’œuvre », un espace qui se veut « sécuritaire, inclusif, lumineux, propre et accueillant ». Environ 150 bénévoles ont participé à sa réalisation, tandis que les matériaux ont été donnés ou vendus à prix réduit. Alors que The Open Door n’offrait qu’une grande salle, Résilience Montréal est doté de plusieurs espaces fonctionnels. « Il y a une grande salle polyvalente pour manger et se détendre, une cuisine, un espace pour se reposer, une salle pour les services de soins et une salle de réunion. Les espaces sont flexibles, et les services évolueront selon les besoins de la communauté. Ainsi, on va ajouter deux douches », explique Claire Davenport. Déjà, de 70 à 80 sans-abri fréquentent l’endroit quotidiennement. Le lieu est cependant voué à la démolition pour faire place à des logements en copropriété. N’empêche, ASFQ compte documenter l’expérience en vue d’en tirer les acquis pour l’aménagement éventuel d’un espace permanent.
L’évènement organisé par ASFQ présentait aussi un panel sur la question plus large de la cohabitation entre les sans-abri et les autres citoyens dans l’espace public. Quatre expertes y participaient : Marina Boulos-Winton, directrice générale du refuge de jour pour femmes Chez Doris, Colleen Lashuk, architecte et cofondatrice de Pivot Coopérative d’architecture, Carolyne Grimard, professeure adjointe à l’École de travail social de l’Université de Montréal, et Annie Gauthier, conseillère en développement communautaire à l’arrondissement de Ville-Marie. Il se dégage de cette discussion que si l’architecture et le design peuvent assurément jouer un rôle pour faciliter le vivre-ensemble, la société a tout de même du chemin à faire quant à la tolérance.
Sur la photo, de gauche à droite : Marina Boulos-Winton, Colleen Lashuk, Carolyne Grimard, et Annie Gauthier. Photo : ASFQ